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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

venir avec moi, vous verrez et entendrez cela. » Or, le bon écolier avait jeuné jusqu’à trois heures après-midi. Lorsque Ulespiègle arriva, avec le recteur et quelques professeurs, il mit un livre neuf devant son écolier. Aussitôt que celui-ci le vit dans la crèche, il commença à tourner les feuillets pour chercher l’avoine ; et comme il ne trouvait rien, il se mit à crier à haute voix : « i-a, i-a ! » Alors Ulespiègle dit : « Voyez, cher maître ; il connaît maintenant les deux voyelles i et a ; j’espère faire quelque chose de lui. » Peu de temps après le recteur mourut ; Ulespiègle laissa là son élève, qui devint ce que sa nature comportait, et partit avec l’argent qu’il avait reçu, en se disant en lui-même : « Si tu devais rendre sages tous les ânes d’Erfurt, il te faudrait bien du temps ! » Il ne se souciait guère de le faire, et il laissa les choses là.



CHAPITRE XXX.


Comment, à Sangerhausen, en Thuringe, Ulespiègle
lava les fourrures des femmes de l’endroit.



Ulespiègle s’en alla au village de Duringen, près de Niguestetten, et demanda une auberge. L’hôtesse se présenta et lui demanda de quel métier il était. Ulespiègle répondit : « Je ne suis compagnon d’aucun métier, mais je fais profession de dire la vérité. » L’hôtesse répondit : « J’aime beau-