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LES AVENTURES DE TIL ULESPIÈGLE

coup ceux qui disent la vérité, et je les loge avec plaisir. » En regardant à droite et à gauche, Ulespiègle s’aperçut que l’hôtesse louchait, et lui dit : « Madame la bigle, madame la bigle, où dois-je me placer ? où dois-je mettre mon bâton et mon sac ? — Que jamais bien ne t’arrive ! dit l’hôtesse ; de ma vie personne ne m’a reproché que je louchais. — Chère hôtesse, dit Ulespiègle, si je dois toujours dire la vérité, je ne puis taire cela. » L’hôtesse s’apaisa et se mit à rire.

Ulespiègle, ayant passé la nuit là, entra en conversation avec l’hôtesse, et vint à dire qu’il savait nettoyer les fourrures. Cela fit plaisir à l’hôtesse, qui dit qu’elle le dirait à ses voisines, et qu’elles apporteraient toutes leurs fourrures pour les faire nettoyer. Ulespiègle y ayant consenti, elle assembla ses voisines, qui apportèrent toutes leurs fourrures. Ulespiègle dit qu’il lui fallait du lait. Les femmes avaient grande envie de voir leurs pelisses mises à neuf ; elles apportèrent tout le lait qu’elles avaient chez elles. Ulespiègle mit trois chaudrons sur le feu, le lait dedans et ensuite les fourrures, et les fit bouillir. Quand il vit le moment venu, il dit aux femmes : « Il faut aller au bois et m’apporter du bois de tilleul, de jeunes pousses, dont vous enlèverez l’écorce. Quand vous reviendrez, je retirerai les fourrures, car elles auront assez bouilli, et je les laverai. C’est pour cela que j’ai besoin du bois. » Les femmes s’empressèrent d’aller au bois, et leurs enfants couraient après elles, les prenaient par les mains et chantaient