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LES LANGUES ET LES NATIONALITÉS AU CANADA

Il semble d’ailleurs qu’ils aient posé là un précédent d’incohérence et d’absurdité que le gouvernement fédéral s’est cru obligé de suivre scrupuleusement depuis, à chaque fois qu’il a eu à s’occuper de l’Ouest.

Ne terminons pas ce chapitre sans dire que le principe des écoles séparées et l’usage officiel des deux langues furent solennellement inscrits dans les statuts constitutionnels de la nouvelle province, sur les pressantes instances des Anglais protestants du pays. Ils étaient alors la minorité. Quelques années après, s’étant aperçus qu’ils étaient devenus la majorité, ils s’empressèrent de nier ces droits à la nouvelle minorité. C’est, ce qu’on appelle le fair play… bostonnais.


L’immigration


Après la constitution de la Confédération, il y avait donc, au Canada, les deux grandes nationalités, anglaise et française, dont les droits égaux étaient reconnus par l’acte constitutionnel, et, en plus, les restes des différentes tribus sauvages qui avaient été les maîtresses du Canada, avant la venue des blancs. Il est évident que le devoir des deux races civilisées était de s’entendre, de se respecter mutuellement et de se prêter main-forte dans l’œuvre de la civilisation des Sauvages. Si les deux races avaient su comprendre cela dès le commencement, nul doute que la formation de la nation canadienne serait maintenant un fait accompli.

Les Canadiens-français ont toujours été fidèles au pacte fédéral ; ils ont toujours respecté au delà de leurs obligations les droits de la minorité anglaise, partout où ils se sont trouvés en majorité, comme à Québec et dans le Manitoba, au moment de l’entrée de cette province dans la Confédération. Mais, par contre, il faut reconnaître que les Anglo-Canadiens se sont toujours montrés chicaniers et qu’ils ont refusé à la population française ses droits les plus élémentaires, partout où leur nombre leur a permis de le faire, comme dans l’Ontario et dans le Manitoba, aussitôt que la majorité a changé de côté dans cette dernière province.