Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xciij
Préface.

et de beaucoup d’autres provinces et royaumes, et le signe merveilleux qu’il avait reçu au sein de sa mère fut l’heureux augure des destinées de la maison de France... Ce signe fut plus tard appelé la nielle[1], et tous ceux de sa race le portèrent, mais non en forme de croix. Il y en eut cinq seulement qui le portèrent précisément sous cette forme : les autres avaient un signe couleur de sang ; mais comme il ne figurait pas une croix, on lui donna le nom de nielle. De ceux qui naquirent avec la croix, le premier fut Fleuravant ; le second, Beuve ; le troisième, Charlemagne ; le quatrième, Roland, et le cinquième Guillaume d’Orange[2].

On retrouve la trace de cette légende dans le poëme déjà cité de Florent et Octavien. Octavien, empereur de Rome, a le même sujet d’affliction que Florel :

Dolans fu l’emperere qui moult fist à prisier
Qu’avoir ne poet enfans de sa gente moullier.


Mais, à la fin, il a bien sujet de se consoler : l’impératrice donne le jour à deux jumeaux qui ont

Cascun se crois vremeille qui moult reluisoit cler
Dessus leur diestre espaulle [3].

On voit par là que notre poëte n’a pas suivi la légende à la lettre, puisque de la croix ver-

  1. Il niello.
  2. Reali di Francia, lib. II, cap. I.
  3. Manuscrit de la Bibl. imp., Sorbonne, 446, fol. 67.