Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/100

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Préface.

car il s’en sert comme de chose déjà connue et admise, je veux parler de ce signe que porte sur l’épaule droite le jeune fils de Charlemagne, et qui pour des yeux clairvoyants est un sûr indice de sa royale origine. C’est une espèce de sceau ou de marque de fabrique dont l’idée vient on ne sait d’où, à moins d’accepter sur ce point les renseignements très-précis que nous donnent les Reali di Francia dans un curieux passage, déjà noté par M. Wolf[1]. Le second livre de cette compilation italienne, qui contient une version fort libre du poëme de Floovant, débute par une sorte de petit traité ex professo sur la question qui nous occupe.

« Fiorello ou Florel, roi de France et petit-fils de Constantin, était fort affligé pour plusieurs raisons, mais surtout parce qu’il ne pouvait avoir d’enfants. Il fit donc des vœux, alla en pèlerinage à Rome, et de là au saint sépulcre, toujours priant Dieu de lui donner un héritier à qui il pût transmettre sa couronne. Il fut exaucé : sa femme devint grosse après vingt ans de stérilité et mit au monde un fils qui portait sur l’épaule droite une croix de sang entre cuir et chair. De là vient ce qu’on dit de la croix vermeille que portaient sur l’épaule droite les héritiers de la noble maison de France. Ce fut le premier enfant qui naquit avec ce signe couleur de sang : aussi reçut-il au baptême le nom de Fioravante, ce qui revient à dire, en français, Fleuravant, ou : En avant la fleur ! Plusieurs personnes présagèrent qu’il serait roi de France

  1. Mémoire de 1832, déjà cité, p. 138.