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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/108

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c
Préface.

Pour moi, dans le temps où M. Mussafia se livrait à cette étude, j’entreprenais, non de considérer en lui-même le langage de notre poëme, mais de l’examiner par comparaison avec le français des chansons de geste de la fin du XIIe siècle ou du commencement du siècle suivant, de rechercher en quoi il s’en rapproche, en quoi il s’en éloigne au point de vue du vocabulaire, de la grammaire, du mètre, et d’en faire à ce triple point de vue une sorte de commentaire perpétuel. En d’autres termes, je m’imposais la tâche de montrer quelles altérations, et combien profondes, le compilateur de Venise a fait subir au poëme qu’il avait sûrement sous les yeux. De là l’essai de restitution que je propose au lecteur à côté du texte franco-vénitien.

Si j’avais pu penser que ce texte fût entièrement l’ouvrage de l’Italien qui l’a écrit, mon entreprise serait tant soit peu puérile ; elle consisterait seulement à ouvrir une sorte de concours entre nous deux, et ne tendrait qu’à montrer jusqu’à quel point me sont plus familières qu’à lui et notre ancienne langue et notre ancienne versification. Mais persuadé comme je le suis que le Macaire de Venise correspond à une chanson française aujourd’hui perdue, j’ai pu raisonnablement, j’aime à le croire, tenter de la retrouver, ou du moins d’en reconstituer une qui s’en rapprochât, afin de me donner plus de chance de faire partager mon sentiment, afin de rendre mon hypothèse plus acceptable, en lui donnant un corps.

J’ai pris plaisir, je l’avoue, à cette étude, à ce jeu d’érudition, de patience, si l’on veut ;