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Préface.

XIIe siècle, date probable du poëme que je publie.

Si ce poëme n’appartenait pas au genre sérieux, au moins par l’intention, le meilleur titre qu’on lui pût adapter serait sans doute celui d’une des comédies de Molière, en substituant simplement le nom de Charlemagne à celui de Sganarelle. Le grand empereur, en effet, y joue un rôle analogue à celui de l’époux trop soupçonneux que notre grand comique a mis en scène, à cela près que Charlemagne, dont l’infortune n’est pas moins imaginaire que celle de Sganarelle, a cependant pour y croire de plus fortes raisons que lui.

C’est après ces réflexions, et non à la légère, comme on le voit, que je me suis décidé à restituer à notre histoire littéraire, sous le titre de Macaire, la chanson de la Reine Sibile, dont on connaissait depuis longtemps l’existence et le sujet, mais dont on croyait l’original à jamais perdu.

Je n’oserais dire absolument que je l’ai retrouvé. Ce serait faire trop d’honneur à l’Italien qui l’a enchâssé dans la vaste compilation d’où je le tire ; ce serait peut-être aussi paraître trop satisfait de mon essai de restitution. Or, je n’ai garde de tomber dans ces deux excès. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour reconnaître combien est altéré le manuscrit que je publie, et j’ai peur qu’il soit aussi trop aisé aux juges compétents d’apercevoir les imperfections de mon travail. J’estime toutefois que, l’un portant l’autre, le texte de Venise et le mien donneront au lecteur une idée suffisante de la singulière