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Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/125

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cxvij
Preface.

tique se retrouvent dans le manuscrit de La Vallière, mais avec des variantes :

Ez vos Rolant parmi le champ poignant ;
Tant a coru le jor sor l’auferrant
Ne pot aler, ançois vet recréant,

Sans doute ici les différences ne sont pas bien importantes ; mais on en trouve, et à foison, de plus considérables, comme le savent de reste tous ceux qui s’occupent de l’étude de nos anciens poëmes.

Que le lecteur me permette encore deux ou trois citations, pour achever d’établir ce que j’ai avancé au sujet de la rime.

On lit dans le manuscrit français 2495 :

En l’ost de France ot cele nuit grans plors
Li navré getent les granz plainz mervillos ;


et dans la version italianisée :

Celle nuit fu auques ennoios
Les navrés gete li plait doloros[1].

Ennoios est français, il est vrai ; mais il faudrait ici ennoiose, à cause du genre du mot nuit. Ce n’est donc plus un barbarisme, mais un solécisme, dont notre Italien s’est rendu coupable pour esquiver plors, qui à son oreille comme à ses yeux ne pouvait figurer à la rime avec mervillos et autres mots de même désinence.

  1. Ms. 1598, fol. 22 v°, col 2.