Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/148

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personne te voie, t’aller cacher derrière la porte de sa chambre. Lorsqu’il sera levé, tu sortiras de là et t’iras dépouiller de tes vêtements devant son lit ; puis il faudra te coucher à côté de la reine. Tu es petit ; tu te cacheras aisément. Quand l’empereur reviendra et te verra dans son lit, il sera transporté de colère ; mais il n’osera te toucher. À ses yeux, ce serait une honte. Il appellera des siens, et quand il t’interrogera tu lui répondras hardiment que c’est la reine qui t’a fait venir près d’elle, et non pas pour la première fois. — Laissez-moi faire, dit le nain. Je m’en acquitterai mieux que vous ne sauriez me le conseiller, et pourvu que je me venge, je me tiendrai pour bien récompensé. — Sois sans crainte, reprend Macaire, je serai près de toi pour te défendre. — Et vous agirez en baron, dit le nain. À cette heure, assez parlé. Je sais ce que j’ai à faire. — Compte sur une belle récompense, dit Macaire. Tu ne cours aucun risque. Aux questions du roi, réponds que c’est la reine qui t’a maintes fois appelé près d’elle. S’il ne veut se couvrir de honte, il ne manquera pas de la faire brûler sur un bûcher d’aubépine. — Je ne désire rien tant, » dit le nain. P. 21-27.

Aussi ne manque-t-il pas de suivre de point en point les conseils du traître. Charlemagne, au retour de matines, jette les yeux vers la couche impériale. À sa grande surprise, il voit sur le banc les vêtements et dans son lit la grosse tête du nain. Il ne dit mot, mais, la rage dans le cœur, il sort de la chambre et se rend à la grande salle du palais. Il y trouve Macaire, qui était déjà levé, avec quelques autres chevaliers. « Venez, seigneurs, leur dit-il, venez partager ma