Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/150

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ments cruels dont elle est menacée. Le roi lui-même ne pouvait se défendre de la plaindre, car il l’aimait tendrement ; mais il ne pensait pouvoir lui faire grâce, tant il craignait d’encourir le blâme. Macaire aussi est toujours là qui le presse, qui le pousse à faire justice, « sinon, dit-il, sachez bien qu’il n’y aura qu’une voix contre vous, et que petits et grands vous compteront pour rien. » P. 33-35.

L’embarras du roi est extrême. La plupart des barons et surtout ceux de la race de Ganelon sont acharnés contre la reine et demandent sa mort. Mais d’autres et lui-même se sentent attendris. Il se décide cependant à la mettre en jugement. Il appelle près de lui et Richier, et le duc Naimes, et d’autres barons de grand renom. Macaire est encore là. Que Dieu le damne, lui et toute sa race ; car ils ne firent jamais qu’émouvoir noises et querelles ! Le traître ne fait entendre que de mauvaises paroles. Il reproche au roi ses longueurs ; il ne les lui pardonne pas. C’est bien à tort que Charles écoute le duc Naimes ; il ne lui en reviendra que honte et blâme, à ce point qu’il se fera chansonner par les petits garçons. Naimes l’entend, la tête baissée, et tout gonflé de douleur et de courroux. Il parle à son tour : « Noble roi, écoutez-moi, et que Dieu me confonde si je dis rien qui ne soit vrai ! Vous demandez conseil. Je ne suis pas de l’avis de ceux qui s’acharnent contre la reine Blanchefleur. Ils ont hâte de la juger ; mais ils ne songent point à sa naissance. S’ils savaient à quoi peuvent aboutir leurs discours, ils se tairaient et attendraient pour juger la reine l’assentiment de son père. Elle est fille d’un puissant prince ; il y faut pen-