Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cxliij
Sommaire.

ser. L’empereur de Constantinople a bien des terres en sa garde et peut réunir bien des hommes en armes. Croyez-vous qu’il vous aime beaucoup quand il apprendra que sa fille a été si honteusement jugée ? Épargnez la reine, je vous le conseille, jusqu’à ce que son père soit informé de tout par un messager que vous lui adresserez, de telle façon que plus tard il n’ait point prise sur vous. » Ainsi parle le duc Naimes, au gré du roi, qui est sur le point de s’accommoder de cette ouverture, quand Macaire se jette à la traverse. « Noble empereur, dit-il, comment pouvez vous écouter pareil avis ? Il faut vous aimer bien peu pour vous conseiller d’ajourner le châtiment d’un affront qui fait tant d’éclat. Voilà ce que je soutiens ; et si quelqu’un l’ose nier, qu’il s’arme et monte à cheval. » Quand les conseillers du roi entendent Macaire parler sur ce ton, ils n’ont garde de lui rien contester. Personne ne lui répond. Le roi comprend alors qu’il n’a plus qu’à ordonner sans retard le jugement. Le duc Naimes le voit plier, et s’éloigne sans en dire davantage. Il va quitter le palais ; mais le roi le retient. Il le prie de ne point lutter contre Macaire, et de rester, cependant, pour voir comment les choses finiront.

Le traître l’emporte : Charlemagne se décide à juger la reine. Il la fait amener devant lui. À sa vue, il s’attendrit et ne peut retenir ses larmes. P. 35-43.

Blanchefleur, si fraîche d’ordinaire, a perdu ses vives couleurs. Elle est toute pâle et blême : « Ah ! noble roi, dit-elle, que vous avez été mal conseillé pour me mettre ainsi en jugement à grand tort et à grand péché ! Il vous aime bien peu celui qui vous a