Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/161

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paix à prix d’argent ; mais le roi jure que tout l’or du monde ne sauvera pas Macaire s’il est vaincu : il sera brûlé ou pendu, selon le jugement des barons. Le lévrier, à force de le harceler, a lassé son adversaire, qui ne peut plus s’aider ni de pied ni de main. À ce moment, d’un bond furieux, il lui saute au visage et le mord si cruellement qu’il lui enlève toute la pommette d’une joue. Macaire pousse un hurlement de douleur et s’écrie : « Où êtes-vous, tous mes parents, qui me laissez ainsi accabler par un chien ? — Ils sont loin de toi, dit le roi. Ce fut pour ton malheur que tu vis Aubri et la reine. » Enfin, le chien, dans un dernier assaut, prend Macaire à la gorge et le tient si bien qu’il l’abat sous lui. Macaire crie merci pour l’amour de Dieu : « Ah ! noble roi, ne me laissez pas mourir ainsi, faites-moi venir un confesseur ; je veux tout avouer. » Le roi y consent avec joie. Il fait mander l’abbé de Saint-Denis. P. 93-97.

L’abbé se rend près de Macaire, que le chien n’a pas lâché. Il lui demande s’il veut dire la vérité, la vérité qui lui est déjà connue par le récit de la reine. Macaire répond d’une voix éteinte : « Confessez-moi et absolvez-moi de tous mes péchés ; je suis jugé à mort, je le sais, et toute ma parenté ne me servira de rien. — Vous avez bien sujet de le croire, répond l’abbé, tant est grand votre péché. Et pourtant, si vous en faites l’aveu, il se peut que par égard pour votre haute noblesse, le roi ait pitié de vous. Je l’en prierai moi-même ; mais cet aveu, il faut qu’il l’entende, lui, le duc Naimes et d’autres encore, sans quoi il n’y aurait pas amende honorable, et le chien