Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/180

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Sommaire.

Mais ces menaces n’atteignent point Varocher, qui ne cesse de courir de çà et de là. P. 225-233.

En chevauchant ainsi, il rencontre Berart de Mondidier, et reçoit de lui un coup qui brise les pierreries de son heaume, mais sans le pénétrer. Varocher frappe à son tour, et si rudement qu’il désarçonne Berart et le fait prisonnier. Il le conduit à la tente de l’empereur de Constantinople et le remet à la garde de Blanchefleur. La reine reconnaît en lui un de ses chevaliers, le fait désarmer et revêtir de riches habits de soie. Berart tombe à ses genoux ; sa joie est extrême en la revoyant ; tout l’or de Bavière ne le rendrait pas plus heureux. Blanchefleur lui demande des nouvelles de Charlemagne. « Dame, lui répond Berart, il ne peut se consoler de vous avoir perdue ; il n’ose plus espérer ; il vous croit morte. Mais vous, dame, comment pouvez-vous souffrir cette guerre où meurent tant des vôtres ? Moi-même, n’était la protection de Dieu, j’aurais succombé aussi sous l’épée de ce truand qui vient de m’amener ici. — Il est preux et vaillant, lui dit Blanchefleur, et personne n’a rendu à mon seigneur autant de services que lui. » Puis elle raconte à Berart tout ce qu’elle doit à Varocher, à ce nouveau chevalier qui n’était qu’un vilain quand elle le rencontra. « Il a bien changé, dit Berart ; personne aujourd’hui ne porte mieux que lui le haubert. Mais quelle joie pour le roi de France, s’il vous savait encore vivante ! De sa vie il n’en aurait ressenti une pareille. — Il faut le laisser faire pénitence, dit la reine, pour m’avoir si injuste ment jugée, si honteusement bannie. Et cependant, je ne puis me défendre de compatir aux souffrances