Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/179

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Sommaire.

Charlemagne, à son lever, voit sa chambre dévalisée et ne retrouve pas son cheval à l’écurie ; il ne sait qui accuser de ce larcin. « Sire, lui dit le duc Naimes, ne vous plaignez pas à moi : si vous avez perdu, je n’ai pas gagné ; car moi non plus je ne retrouve pas mon cheval. » Plus d’un ne fit que rire de cette mésaventure ; mais de ces rieurs il y en eut de tels qui, après avoir bien cherché, ne retrouvèrent ni leurs bonnes lances, ni leurs hauberts, ni leurs écus. Ce riche butin était aux mains de Varocher et de sa compagnie. Le roi, qui n’avait garde de s’en douter, soupçonna nombre des siens, qu’il fit prendre et garrotter. P. 219-225.

Bientôt Charlemagne est assailli une seconde fois dans son camp ; il court aux armes avec ses barons, et une nouvelle bataille s’engage. — Récit de la bataille. — Prouesses de Varocher. — Il rencontre le duc Naimes, et lui assène un tel coup qu’il lui fait presque vider les arçons. « Sainte Marie ! dit le duc, ce n’est pas un homme, c’est le diable en personne ; je ne reçus jamais pareil coup d’aucun chevalier. » Naimes tire son épée pour prendre sa revanche ; mais Varocher ne l’attend point : il sent bien qu’il n’a pas affaire à un bachelier. Comme il tourne bride, Charlemagne arrive près du duc : « Voyez-vous cet enragé ? lui dit Naimes. Il faut qu’il ait le diable au corps ; il vient de me donner un tel coup d’épée, qu’il m’a jeté à la renverse sur ma selle ; c’est une grâce de Dieu qu’il ne m’ait point entamé. — Et ne serait-ce pas, dit Charlemagne, le méchant ribaud qui m’a volé mon destrier ? Je le croirais volontiers à le voir chevaucher. Si je puis l’approcher, il me le payera cher ! »