Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/183

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Sommaire.

tendu parler de lui ; dit Varocher, mais je ne l’en crains pas plus pour cela. Il faut que vous sachiez que depuis que mon seigneur m’a armé chevalier je suis devenu orgueilleux et fier, si bien que lorsqu’il m’arrive de penser à mon ancien métier de bûcheron et aux fardeaux dont je me chargeais comme une bête de somme, je ne me sens nulle envie de retourner au bois. En ce temps-là j’étais vêtu comme un truand et je n’avais pour arme qu’un bâton de pommier. Aujourd’hui, mes vêtements sont ceux d’un chevalier, et je porte au côté l’épée d’acier à la lame fourbie. Je vivais au milieu des bêtes fauves ; maintenant j’habite une résidence impériale, et, quand je veux, des chambellans m’en ouvrent les portes. — Tu as si bon espoir, dit la reine, et tu parles si bien que je ne trouve plus rien à te dire ni à t’opposer. Je ne laisserai pas toutefois de prier pour toi Notre-Seigneur, le vrai justicier, de permettre que tu reviennes sain et sauf de cette bataille. — Assez de paroles, dit Varocher ; faites-moi apporter mes armes. — Volontiers, » répond la reine. P. 245-251.

Elle fait apporter à Varocher les meilleures armes du monde. Il endosse le haubert, chausse l’éperon, ceint l’épée et lace le heaume, un heaume que porta jadis le roi Pharaon et qu’aucune lame ne peut entamer. Il monte sur un rapide destrier d’Aragon, pend à son cou un bon écu, et s’arme d’une lance au fer tranchant. « Dame, dit-il à Blanchefleur, je m’en vais à la grâce de Dieu. — Et suivi de mes vœux, dit la reine. » Varocher pique son destrier, court à l’empereur et lui dit : « Sire, je me rends au champ de bataille ; j’espère en revenir vainqueur. — Que Dieu