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Préface.

fond comme en la forme. S’il en est ainsi, comme tout conspire à le prouver, et si la seconde version avait déjà cours au temps où écrivait Alberic de Trois-Fontaines, c’est-à-dire dans la première moitié du XIIIe siècle, il y a grande apparence que le poëme original fut composé dès le commencement de ce siècle, au plus tard[1], et bien plus probablement à la fin du siècle précédent. Par qui ? Il faut se résoudre à l’ignorer.

Ce qu’il y a de sûr, c’est que l’ouvrage eut le plus grand succès et en France et à l’étranger.

Suivons, en France d’abord, l’histoire curieuse de sa fortune.

Si mes conjectures sont fondées, je le répète, il est composé vers la fin du XIIe siècle, dans le même mètre que les plus anciennes chansons de geste, c’est-à-dire en vers de dix syllabes.

Au siècle suivant, il est entièrement refait en vers alexandrins, et augmenté d’épisodes considérables. Premier indice de son succès.

Au XIVe siècle, il n’est pas oublié, et tant s’en faut. J’en trouve d’abord la preuve dans une grande composition qui paraît dater de ce siècle au plus tard, la chanson de Tristan de Nanteuil (pour lui donner un titre qui lui manque)[2]. Un personnage de cette chanson, le traître Persant, fils de Hervieu de Lyon, était, dit l’auteur, de la race de Ganelon. Il ajoute :

  1. Voyez ci-après, p. xc, une nouvelle raison pour croire que le poëme est du XIIe siècle.
  2. Voyez sur cette chanson la préface de Parise la Duchesse, édition de MM. Guessard et Larchey p. vii-xii, et surtout la préface de Gui de Nanteuil, édition de M. P. Meyer, p. xvii-xxii.