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Préface.

Si l’Angleterre n’a pas imité notre poëme d’aussi près que l’Allemagne, il n’en est pas moins sûr qu’elle l’a connu et qu’elle en a tiré parti. D’abord la cathédrale de Peterborough en possédait une version ou un extrait dont le texte était peut-être latin, à en juger par ce titre : Qualiter Sybilla regina posita sit in exilium extra Franciam et quomodo Makayre occidit Albricum de Modisdene. Mais au delà de cette indication on ne sait rien du manuscrit auquel elle se rapporte. La bibliothèque dont il faisait partie est aujourd’hui dispersée ou perdue[1].

Une preuve plus complète et plus décisive de l’intérêt que la chanson de la Reine Sibile a excité en Angleterre est l’imitation partielle qu’on en trouve dans un vieux poëme intitulé Sir Triamour. Cette imitation, bien qu’un peu dissimulée, n’en est pas moins manifeste. Elle a été reconnue et signalée par M. Ferdinand Wolf dans son mémoire sur la traduction espagnole de La Reine Sibile[2]. Voici, en substance, la partie du poëme anglais qui se rapporte visiblement au nôtre :

« Aradas, roi d’Aragon, serait le plus heureux des rois s’il était père. C’est l’unique satisfact-

  1. « Les manuscrits de Peterborough, comme nous nous en sommes assuré nous-même, n’existent plus, » dit M. Francisque Michel à propos de l’indication ci-dessus, qu’il a relevée dans le catalogue des manuscrits de l’église de Peterborough, donné par Gunton à la suite de son histoire de cette église. (Mémoire sur la popularité du roman des Quatre Fils Aymon, — Actes de l’Académie de Bordeaux, IVe année, 1842, note 12e, p. 90.)
  2. P. 139.