Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/90

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Préface.

de simple essai, je veux tenter ici de montrer le chemin que cette légende a suivi dans ses pérégrinations, et d’indiquer comment elle s’est développée et ramifiée.....

« Elle était primitivement commune à plusieurs tribus gothiques, telles que celles des Langobards (Gundeberga) et des Francs. Par ces derniers, elle fut d’abord appliquée à l’ancien duc des Francs Hugo (le Hugon de la légende d’Oliva), puis transportée de celui-ci à Hugo Theodoricus, qui devint en Allemagne Hugdietrich, et plus tard (quand les légendes franques et ostrogothiques se furent confondues ou provisoirement mêlées) à un Dietrich de Rome (poëme de Crescentia), et par là au personnage purement poétique de Dietrich de Berne. Pendant quelle prenait racine en France et en Flandre, où elle trouvait de nouveaux supports (Charlemagne — Geneviève), la légende se propageait en Allemagne à la faveur d’une chanson populaire qui célèbre Dietrich de Berne et son épouse Gudalind (Gunild) ; elle trouvait accès en Angleterre, en Danemark, en Islande et aux îles Feroë. En Allemagne, elle fut rapportée d’abord à Richarda ; plus tard, à Cunégonde et Henri, d’où les Anglais prirent texte pour la transporter à Gunild et Henri, auxquels succédèrent une Elinor et un Henri. Pendant ce temps, la version allemande empruntait des traits nouveaux aux récits français. En Danemark, on adopta la narration anglaise de Gunild et Henri, mais on l’appliqua plus tard à Henri le Lion, et, à la fin, on renonça à toute attache historique. En Islande et aux îles Feroë, on conserva les noms