qui revient à chaque pays, à chaque auteur, dans les développements qu’elle a reçus, dans les récits divers auxquels elle a donné lieu. Un savant danois, M. Svend Grundtvig, s’est donné cette tâche, et si la difficulté du sujet ne lui permettait pas de l’achever, il paraît du moins l’avoir poussée très-loin. C’est un bon juge, M. Ferdinand Wolf, qui lui rend ce témoignage[1].
« Depuis que j’ai fait connaître, dit M. Wolf, la version espagnole de la Reine Sibile, cette légende a été l’objet de savantes recherches qui en ont montré le rapport plus ou moins intime avec beaucoup d’autres récits répandus dans toute l’Europe. Je citerai surtout les travaux de M. Svend Grundtvig, qui a traité le sujet de la façon la plus complète et la plus approfondie dans son excellente collection des Chants populaires du Danemark. Il ne s’est pas contenté de faire connaître les chants populaires danois, islandais, et des îles Feroë qui s’y rattachent ; il a de plus, dans son introduction, rassemblé et soumis à la critique toutes les traditions historiques ou légendaires du même ordre, tant celles qu’on connaissait que celles qu’il a découvertes. À la fin de cette recherche, conduite avec une vaste érudition et une grande sagacité, il en résume ainsi les résultats :
« Il serait très-intéressant que quelqu’un nous donnât une explication satisfaisante de la connexion qui relie entre elles les formes si diverses de la légende ; mais le moment, je crois, n’est pas encore venu pour cela. Toutefois, et à titre
- ↑ Voyez le mémoire précité de M. Wolf (Vienne, 1857, tirage à part, p. 6).