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Page:Anonyme - Raoul de Cambrai.djvu/79

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introduction

de tendance très prononcée dans Amis et Amile[1], Gui de Bourgogne[2], Aiol[3], et même dans Rolant.

Nous pensons que l’auteur ne se faisait point une règle d’élider la finale féminine suivie d’un mot commençant par une voyelle. Nous nous fondons sur des vers tels que ceux-ci, dans lesquels il nous paraît bien difficile d’introduire une correction vraisemblable :

6564Le roi trouverent et morne et pencif.
6839Quant or fu dite, si s’entorne atant.
7302N’i avra mal dont le puisse aidier.
7394N’i avrés mal dont vous puisse aidier.
7303La jantil dame fu dolente et mate.
7515Bien sai sans vous n’an venisse avant.

La langue de la deuxième partie de Raoul de Cambrai n’offre aucun fait bien caractéristique ; an et en sont absolument confondus. Ces deux voyelles nasalisées, étymologiquement distinctes et qui, dans le nord et l’ouest de la France, ont été si longtemps distinguées par la prononciation, ont ici le même son. Dans toutes les tirades,

  1. Il y a, dans la partie assonante de ce poème (vv. 1-2779), une dizaine de tirades en on ; cette même finale n’est mêlée avec or, os etc., que dans cinq tirades, éd. Hoffmann (1852), pp. 8, 25, 26, 48, 79.
  2. P. 106 de l’édition de ce poème, les finales on et or sont mêlées, mais ailleurs elles sont mises à part.
  3. La table des assonances d’Aiol, donnée dans l’édition de la Société des anciens textes, indique, p. xij, 23 tirades en o fermé. Mais il y a lieu de classer à part certaines tirades où on domine d’une façon presque exclusive ; ce sont les tirades 32, 38, 49, 63, 74, 79, 114, pour la partie en vers décasyllabiques ; 124, 171, 233, pour la partie en alexandrins. Par contre, les tirades en o fermé, 5, 104, 124, 158, 226 excluent les finales en on. De sorte que le nombre des tirades où les deux finales sont admises indifféremment est fort restreint.