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iv. - style, versification et langue

masculines ou féminines, où l’assonance est formée par an ou en, c’est naturellement le premier de ces deux groupes qui domine, parce que les finales en an sont, en fait, plus nombreuses que celles en en. — Il n’y a pas de tirade en iée. On peut croire que, dans la langue de l’auteur, iée était devenu ie, puisque nous trouvons, dans des tirades en ie, ire, ine, etc., trecie 5570, rengie 6150, baisie 6875, 8195, joinchie 8185, percie 8634 qui, plus anciennement, eussent été écrites et prononcées treciée, rengiée, baisiée, etc. Toutefois sept cas, en dix tirades, constituent une proportion assez faible. La part des mêmes finales est notablement plus forte dans certains poèmes, dans Aliscans, par exemple, ou dans la chanson des Saxons de Jean Bodel. Il serait donc possible que notre auteur, sans s’interdire absolument le mélange des finales iée et ie, l’eût évité dans une certaine mesure. On sait que l’assimilation d’iée à ie s’est produite d’abord dans la France septentrionale. ― Il y a quelques premières personnes du pluriel en omes parmi les assonances de la tirade CCLIX et quelques autres, çà et là, dans le corps des vers[1]. Cela ne suffit pas à prouver que l’auteur soit du nord-est de la France, où ces formes sont plus fréquentes qu’ailleurs[2] ; c’est toutefois une présomption. — Dans cette partie du poème, comme dans l’autre, la seconde personne du pluriel du futur et de certains subjonctifs présents est en ois (vv. 5940, 5951, 6809, 6815, 6821) ou en és (vv. 5823, 7230, 7232, 7236, 8050), selon l’assonance. — Il n’y a, dans ces quelques faits, rien d’assez local pour qu’il nous soit permis de circonscrire en d’étroites limites la région d’où l’auteur était originaire. Il n’est, du reste, pas encore arrivé qu’on ait pu fixer avec quelque exactitude, par des procédés philolo-

  1. Vers 7094-5, etc.
  2. Voy. ci-dessus, p. lxx.