nous a du moins été loisible de faire usage de notes du président Fauchet, parmi lesquelles se trouve la copie, faite d’après un ms. perdu, d’environ 250 vers de notre poème. On verra plus loin que de ces extraits peuvent se déduire d’utiles notions sur la composition de la chanson ; bornons-nous à dire pour le moment que nous y avons recueilli, outre d’importantes variantes, plusieurs vers qui manquent dans le manuscrit unique du poème, où malheureusement plusieurs feuillets ont été enlevés. Enfin nous croyons avoir recueilli sur les personnages mis en scène, sur la formation du poème, sur son histoire pendant le moyen âge, un certain nombre de témoignages qui, jusqu’à ce jour, n’avaient point été utilisés.
La chanson de Raoul de Cambrai se divise, à première vue, en deux parties très distinctes par le fond et par la forme. Jusqu’à la tirade CCXLIX inclusivement le poème est rimé, à partir de la tirade CCL il est en assonances. Contrairement à l’opinion qui, de prime abord, semblerait la plus probable, c’est la partie rimée qui est la plus ancienne. Le reste est une continuation sensiblement plus récente. Nous verrons plus loin que le manuscrit utilisé par Fauchet ne contenait que la partie en rimes. Mais nous croyons que les deux cent quarante-neuf premières tirades du poème ont été originairement composées en assonances. Les hémistiches de pur remplissage, les innombrables chevilles dont abonde cette partie de la chanson décèlent la main