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v. — manuscrits

disparaît encore, mais plus rarement, après n : don 3216, ſon 2615, tressuan 2602 ; ce sont des cas tellement isolés qu’il nous a paru nécessaire de rétablir le t entre crochets. Nous n’avons pas fait cette correction dans tan 2090, 2551 ; il nous a paru que ce petit mot ne faisait, pour ainsi dire, qu’un dans la prononciation avec le mot suivant. Nous trouvons même tam 4042, le mot suivant commençant par un p. Le t final tombe encore parfois après une voyelle : tou 1256, voi 1171, où nous écrivons tou[t], voi[t]. Il semble résulter de ces faits que, dans la langue de notre copiste, le t final ne se prononçait pas beaucoup plus qu’aujourd’hui. Et toutefois il y a lieu de faire la part de la négligence, car, au v. 1256, tou est suivi d’un mot commençant par une voyelle, et il est bien difficile de supposer qu’en ce cas le t ne se fît pas entendre.

L’s finale est également sujette à tomber après une consonne ; ver, enver 1502, 2316, 2717, 2749, 3837, flor (au plur. rég.) 2696.

Un trait assez notable de la graphie et probablement aussi de la prononciation du premier copiste, est que l’n de la troisième personne du pluriel est souvent omise[1] : donnet 644, qieret 693, fineret 819, vinret 826, descendet 827, perdet 900, descendet 955, pour donnent, quierent, etc. Ces six exemples sont les seuls que nous aient fournis les vers 644 à 955. Le même morceau ne fournit

  1. Il s’agit, bien entendu, des formes où l’accent est sur l’avant-dernière syllabe. L’n n’est jamais omise dans les futurs (diront, orront). Elle ne l’est pas non plus dans les formes où ent fait suite à une voyelle ; ainsi diroient et non diroiet. Au contraire, dans les chants de Joinville on trouve doiet, poet, paiet, pour doient, poent, paient (De Wailly, dans Bibl. de l’Éc. des Chartes, 6e série, IV. 373).