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introduction

pas moins de vingt exemples, si nous avons bien compté, ou l’n est conservée. La proportion est donc largement en faveur de la forme la plus habituelle dans nos anciens textes[1]. Nous avons donc cru pouvoir restituer entre crochets l’n où elle manque. Cette omission de l’n s’observe accidentellement en Champagne[2].

Certains futurs ont, en raison de leur formation, une double r, ainsi garra pour garira dont l’i est tombé. Notre copiste réduit bien souvent ces deux r à une seule. Nous avons écrit char[r]a 2388, gar[r]a 2773, gar[r]ont 2734, or[r]eis 2448, plour[r]ont 2404, mais il eût peut-être mieux valu laisser subsister une notation dont on a d’autres exemples. Cette réduction des deux r à une seule a été observée dans les chartes de Tournai[3]. — Le cas est différent pour guerre, terre, où déjà, dans le type originel, les deux r sont consécutives. Le premier copiste, peu conséquent avec lui-même, traite ces deux mots de façon différentes : il écrit à peu près constamment guere, avec une r, 919, 1031, 1037, 1093, 1162, 1761. Nous n’avons rencontré guerre qu’une seule fois, v. 4286. Au contraire, on trouve presque toujours terre, 936, 1129, 1680, 3206, une fois tere au v. 1094.

Les documents de l’ancien français montrent beaucoup

  1. La proportion des exemples où n est conservée est même en réalité plus forte encore : entre le v. 468 (où commence le sixième feuillet, et le v. 644 qui nous fournit donnet pour donnent, il y a six troisièmes personnes où l’n est conservé dans le cas indiqué à la note précédente, et il n’y a aucun exemple du contraire.
  2. Il y a furet pour furent dans une des chartes de Joinville, pièce J, I. 22 de l’édition de M. de Wailly, Bibl. de l’Éc. des Chartes, 6e série, III, 573.
  3. Voyez d’Herbonnez, Étude sur le dialecte du Tournaisis, p. 128.