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Les aventures

de tels efforts en ma faveur : & ma surprise augmenta encore, lorsque je vis d’autres tiges nouvelles qui poussoient auprès des premières tout le long du rocher, & que je reconnus être des tiges de riz, parce que j’en avois vu croître en Afrique, dans le tems que j’y étois à terre.

Non seulement je crus que la providence m’envoyoit ce présent ; mais ne doutant point que sa libéralité ne s’étendît encore plus loin, je m’en allai visiter tout le voisinage, & tous les coins des rochers, qui m’étoient déjà suffisamment connus, pour chercher une plus grande quantité de ces productions miraculeuses : mais c’est ce que je ne trouvai point. Enfin, je rappelai dans ma mémoire que j’avois secoué en tel endroit un sac où il y avoit eu du grain pour les poulets ; le miracle disparut. J’avoue que ma pieuse reconnoissance envers dieu s’évanouit, aussi-tôt que j’eus découvert qu’il n’y avoit rien que de naturel dans cet événement. Cepandant il étoit extraordinaire & imprevu, & n’exigeoit pas moins de gratitude, que s’il eût été miraculeux ; car, que la providence eût dirigé les choses de manière qu’il restât douze grains entiers dans un petit sac abandonné aux rats, tous les autres grains ayant été mangés ; que je les eusse jetés précisément dans un endroit où l’ombre d’un grand rocher les fit germer d’abord, & que je n’eusse pas vidé le