Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/309

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
303
de Robinson Crusoé.

pilloient tout ce qu’ils pouvoient attraper de mes provisions : je ne pus m’en défaire qu’en les tuant.

Je souhaitois fort d’avoir mon canot ; mais je ne pouvois me résoudre à m’exposer à de nouveaux hasards. Quelquefois je songeois aux moyens de l’amener, en côtoyant, dans ma baie ; & d’autres fois je m’en consolois. Mais il me prit un jour une si violente envie de faire un voyage à la pointe de l’isle où j’avois déjà été, & d’observer de nouveau les côtes en montant sur la petite colline dont j’ai parlé ci-dessus, que je ne pus résister à mon penchant. Je m’y acheminai donc. Si dans la province d’Yorck on rencontroit un homme dans l’équipage où j’étois alors, ou l’on s’épouvanteroit, ou l’on feroit des éclats de rire extraordinaires. Formez-vous une idée de ma figure sur ce crayon abrégé que j’en vais faire.

Je portois un chapeau d’une hauteur effroyable, & sans forme, fait de peaux de chèvres. J’y avois attaché par derrière la moitié d’une peau de bouc, qui me couvroit tout le col ; c’étoit afin de me préserver des chaleurs du soleil, & que la pluie n’entrât pas sous mes habits ; car dans ces climats rien n’est plus dangereux.

J’avois une espèce de robe courte, faite de même que mon chapeau, de peaux de chèvres. Les bords en descendoient jusques sous mes