rentes circonstances de ma vie, & sur le peu de moyens que j’avois de m’établir dans le monde, je résolus de m’en aller à Lisbonne, pour voir si je ne pourrois pas m’y informer au juste de l’état de ma plantation dans le Brésil, & de ce que pouvoit être devenu mon associé, qui sans doute devoit me mettre au nombre des morts.
Dans cette vue, je m’embarquai pour Lisbonne, & j’y arrivai au mois de Septembre suivant avec mon valet Vendredi, qui m’accompagnoit dans toutes mes courses, & qui me donnoit de plus en plus des marques de sa fidélité & de sa probité.
Arrivé dans cette ville, je trouva, après plusieurs perquisitions, à mon grand contentement, mon vieux capitaine qui me fit entrer dans son vaisseau au milieu de la mer, quand je me sauvois des côtes de Barbarie.
Il étoit fort vieilli, & avoit abandonné la mer, ayant mis à sa place son fils qui, dès sa première jeunesse, l’avoit accompagné dans ses voyages, & qui poussoit pour lui son négoce du Brésil. Je le reconnus à peine, & c’en étoit de même à mon égard : mais en lui disant qui j’étois, je lui retraçai bientôt mon idées, & je me remis aussi bientôt la sienne.
Après avoir renouvelé la vieille connoissance, on peut croire que je m’informai de ma plantation & de mon associé. Le bon-homme me dit