Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 1.djvu/518

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
511
de Robinson Crusoé.

qui se cabroit, dans le moment que Vendredi étoit venu si heureusement à son secours.

On croit facilement qu’au bruit du coup de pistolet de mon sauvage nous doublions tous le pas, autant qu’un chemin extrémement raboteux pouvoit nous le permettre.

A peine étions-nous débarrassés des arbres qui nous barroient la vue, que nous vîmes distinctement ce qui venoit d’arriver, sans pourtant pouvoir distinguer d’abord quelle espèce d’animal Vendredi venoit de tuer.

Mais voici un autre combat bien plus surprenant, il se donna entre le même sauvage & l’ours dont je viens de parler, & nous divertit à merveilles, quoiqu’au comencement nous en fussions fort allarmés. Il sera bon, pour l’intelligence de cette aventure, de la faire précéder d’une courte description du caractère de messieurs les ours. On sait que l’ours est un animal fort grossier & pesant, & fort éloigné de pouvoir galoper comme un loup, qui est fort léger & très-alerte ; mais on ignore peut-être qu’il a deux qualités essentielles, qui font la règle de la plupart de ses actions.

Premièrement, comme il ne considère pas l’homme comme sa proie, à moins qu’une faim excessive ne le fasse sortir de son naturel, il ne l’attaque pas, s’il n’en est attaqué le premier. Si