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de Robinson Crusoé.

Nous apprîmes de notre guide, qu’il nous restoit encore à traverser un endroit fort dangereux, & où nous ne manquerions pas de rencontrer des loups.

C’étoit une petite plaine environnée de bois de tous côtés, & suivie d’un défilé fort étroit, par où nous devions passez absolument pour sortir des forêts, & pour gagner le bourg où nous devions coucher cette nuit.

Nous entrâmes dans le premier bois une demi-heure après. Dans ce bois nous ne rencontrâmes rien qui fût capable de nous effrayer, excepté dans une très-petite plaine, d’environ un demi-quart de mille, où nous vîmes cinq grands loups traverser le chemin tous à la file des uns des autres, comme s’ils couroient après une proie assurée. Ils ne firent pas seulement semblant de nous appercevoir, & en moins de rien ils étoient hors de notre vue. Cependant notre guide, qui étoit un poltron achevé, nous pria de nous préparer à la défense, puisqu’apparemment ces loups seroient suivis d’une grande quantité d’autres.

Nous suivimes son conseil, sans cesser un moment de détourner les yeux de tous côtés ; mais nous n’en découvrîmes pas un seul dans tout le bois qui étoit long de plus d’une demi-lieue. Il n’en fut pas de même dans la plaine dont j’ai fait mention. Le premier objet qui nous y frappe