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Les aventures

& quoiqu’ils n’eussent point de couteaux, ils ne laissèrent pas de lever la peau avec un morceau de bois pointu, & cela beaucoup plus aisément que nous ne l’aurions pu faire avec un couteau. Ensuite ils m’en offrirent ma part ce que je refusai, leur donnant à entendre que j’étois bien aise de leur en faire un présent, mais que je m’en réservois la peau. Ils me l’envoyèrent de bonne foi, ajoutant à cela une grande quantité de leurs provisions, que j’acceptai, toutes inconnues qu’elles m’étoient. Ensuite je leur fis signe pour avoir de l’eau & leur montrai une de mes jarres, la tournant sans dessus dessous, pour faire voir qu’elle étoit vide & que j’avois besoin qu’on me la remplît. Sur le champ ils appelèrent quelques uns des leurs, & il vint deux femmes, portant ensemble un gros vaisseau de terre qui paroissoit cuite au soleil. Elles le posèrent fur le sable & se retirèrent comme firent ceux qui nous avoient apporté des provisions auparavant. J’envoyai Xuri à terre avec les trois jarres qu’il remplit. Les femmes étoient toutes nues aussi bien que les hommes.

Je me voyois avec une quantité d’eau suffisante : j’avois outre cela des racines dont je ne connoissois pas trop la qualité, & dû blé tel quel. Avec ces provisions je prends congé des nègres, nés bons amis ; je remets à la voile, & continue