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Les aventures

étoit Portugais. Je le pris d’abord pour un de ceux qui trafiquent en nègres aux côtes de la Guinée : mais quand j’eus remarqué la route qu’il tenoit, je fus bientôt convaincu qu’il alloit ailleurs, & qu’il n’avoit pas dessein de s’approcher de terre davantage. C’est pourquoi je fis force de voiles & de rames pour avancer en haute mer, dans le dessein de leur parler s’il étoit possible.

Après avoir fait tout ce qui dépendoit de moi, je trouvai que je ne pourrois pas aller à leur rencontre, & qu’ils me laisseroient derrière, avant que je pusse leur donner aucun signal. Mais dans le moment que j’avois épuisé toutes les ressources de mon art pour hâter ma course, & que je commençois à perdre espérance, il parut qu’ils m’avoient apperçu avec leurs lunettes d’approche, & que nous prenant pour le bateau de quelque vaisseau Européen qui avoit péri, ils mettoient moins de voiles qu’auparavant, pour nous donner le tems de les aller joindre. Cela me donna bon courage, & comme j’avois à bord le pendant de mon patron, je le suspendis en écharpe à nos cordages, pour leur faire entendre par ce signal, que nous étions en détresse, & je tirai là-dessus un coup de fusil. Ils remarquèrent fort bien l’un & l’autre ; car ils me dirent après qu’ils avoient apperçu la fumée, quoiqu’ils n’eus-