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de Robinson Crusoé.


J’avois un voisin portugais, qui étoit né à Lisbonne de parens anglois ; son nom étoit Wells, & ses affaires étoient à-peu-près dans la même situation que les miennes. Je l’appelle mon voisin, parce que sa plantation touchoit la mienne, & que nous vivions fort paisiblement lui & moi. Nous n’avions qu’un petit fond l’un & l’autre, & ne plantâmes, à proprement parler, que pour notre subsistance durant près de deux ans. Mais au bout de ce terme nous commençâmes à faire du progrès, & notre terre prénoit déjà une bonne forme ; tellement que la troisième année nous plantâmes du tabas, & eûmes chacun une grande pièce de terre toute prête pour y planter des cannes l’année d’après. Mais nous avions besoin d’aide ; & je sentois plus vivement que je n’avois encore fait, combien j’avois eu tort de me défaire de mon garçon Xuri.

Mais hélas ! il n’étoit pas surprenant que j’eusse fait ma, mois qui ne faisois jamais bien : je ne voyois aucun remède à ma peine, que dans la continuation de mon travail : je me donnois à une occupation bien éloignée de mon génie, & toute contraire au genre de vie qui faisoit mes délices, pour lequel j’avois abandonné la maison de mon père, & méprisé ses bons avis. Mais bien plus, j’entrois précisément dans cette condition mitoyenne de la vie, ou, si vous voulez, le pre-