Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 10.djvu/175

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ma vie. L’infortune seule a pu me désiller les yeux, et me faire rougir de mes déréglemens.

Je passois les jours et les nuits au milieu des Festins et des plaifirs. Je ne refusois rien à l’ardeur impétueuse de mes désirs. J’étois dans l’enivrement. Malheur aux jeunes Corinthiennes, dont les charmes avoient frappé mes regards! Je mettois tout en œuvre pour corrompre leur innocence, et assouvir ma passion. Je n’épargnois pour y réussir ni soins, ni démarches, ni argent. Quelles ruses, quels détours n'aurois-je pas inventés pour dèshonorer une jeune personne ? Corinthe retentissoit du bruit de mes désordres. L’on me regardoit comme une peste publique. L’on gémissoit en secret fur ma conduite scandaleuse et personne ne s’opposoit publiquement aux progrès du mal. Cependant la contagion se répandoit dans toute la ville. Séduits, entraînés par mon exemple les jeunes Corinthiens commençoient à me prendre pour modèle. Les mères de famille me fuyoient avec horreur. Elles craignoient toujours que je ne m’introduisisse dans leur maison et que leurs filles ne devinssent les victimes malheureuses de mes intrigues et de ma passion. Malgré leurs précautions, j’eus le talent d’approcher d’une jeune beauté, l’art de lui plaire, et d’attendrir son cœur,