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Voyages

du monde. Monime les prit d’abord pour des décorations de perspective que les lunaires avoient fait poser dans le dessein d’orner les routes pour sauver l’ennui aux voyageurs.

Sur la pente d’une colline, nous rencontrâmes un jeune courtisan qui alloit à une de ses terres : il étoit dans une espèce de fauteuil de filigramme que traînoit un cheval qu’il conduisoit lui-même. Surpris de la légèreté de sa voiture & de sa vîtesse de son cheval, qui me paroissoit voler comme un oiseau, je ne pus m’empêcher de demander à Zachiel pourquoi ce jeune homme s’exposoit ainsi dans une voiture, que le moindre choc pouvoit réduire en poudre ; qui peut donc l’obliger à une telle imprudence ? les habitans de ce monde sont-ils formés d’une autre matière que ceux du nôtre ? Ou bien auroient-ils assez de présomption pour se persuader que la nature en eux doit respecter son ouvrage ? Parlez, mon cher Zachiel, expliquez-moi le sujet de leur témérité. Le génie, sans me répondre, me fit voir le jeune homme culbuté, sa voiture fracassée, son cheval renversé, & le domestique qui étoit derrière, se trouva par le choc de la voiture à califourchon sur les épaules de son maître. Monime, sensible à ce malheur, fit un cri perçant, & nous engagea de le secourir.