Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 18.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
de milord Céton.

dominent ce monde ne portent qu’à l’amour des grandeurs & des richesses, je crus n’y avoir rien à craindre pour les intérêts de mon cœur ; je connoissois les nobles sentimens de Monime, j’avois le plaisir de la voir tous les jours, & ses attentions pour moi sembloient m’assurer un sort tranquille.

Cependant l’empereur ne put voir Monime avec des yeux indifférens ; toutes les perfections qui brilloient en elle, firent naître dans le cœur de ce monarque la plus vive passion. D’abord il voulut qu’elle logeât dans son palais, & répandit sur elle comme sur Danaé l’or & les diamans avec profusion ; tous les jours c’étoient de nouveaux présens d’un prix inestimable : mais ce qu’il y a de singulier, c’est que fort peu de femmes en furent jalouses, soit qu’elles craignissent l’humeur vindicative de l’impératrice, qui, malgré l’inconstance & toutes les infidélités de l’empereur, s’étoit néanmoins acquis tant de crédit sur son esprit, pendant l’absence du génie protecteur de cet empire, que rien ne se faisoit que par ses ordres ; ce qui fut cause de bien des troubles. Cette princesse n’étoit pas douée des lumières nécessaires pour régir un aussi grand empire, & son amour propre ne lui permettoit pas de suivre les conseils des ministres éclairés qui avoient travaillé sous le génie