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Voyages

repris-je assez vivement, me font trop appercevoir que vous ne comptez pas sur mon cœur ; c’est l’accuser de foiblesse que de douter de sa fidélité, & c’est mal répondre à la confiance que j’ai toujours eue en vous. Monime put s’empêcher de rougir de ce reproche qu’elle jugea tomber sur l’empereur, & pour me tranquilliser, elle m’assura qu’elle me croyoit incapable de la tromper. Ce petit nuage fut bientôt dissipé par de nouvelles assurances d’une entière confiance.

L’après-midi je fus trouver Zachiel, qui sourit en me voyant : vous avez, me dit-il, un air bien conquérant, il me paroît que vous ne voulez pas rester oisif dans cette cour : mais, mon cher Céton, vous n’êtes guère galant de faire attendre les belles, sans songer à leur donner la satisfaction qu’elles desirent. Il seroit difficile de vous tromper, repris-je ; il est vrai que j’ai reçu un très-joli poulet, mais j’ignore de quelle part il me vient. En êtes-vous inquiet, dit Zachiel ? Ce billet renferme plus d’un mystère, quoiqu’il soit écrit de la main de Nardillac que je sais vous avoir fait plusieurs agaceries ; elle n’en est cependant pas l’auteur, vous pouvez la voir sans craindre de sa l’art aucuns mauvais procédés ; c’est une femme aimable, pleine d’esprit, qui a possédé assez long-tems sans partage les bonnes graces de