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de milord Céton.

que les génies l’attendent au conseil. Qu’entends-je ! s’écria ce prince avec une sorte d’emportement, on me renvoie sans daigner seulement jeter sur moi un regard favorable ni me dire un mot de consolation ; j’y vais, madame, j’y vais désespéré de vos froideurs. L’empereur sortit avec un trouble que tous les courtisans remarquèrent ; ils le suivirent en silence, personne n’osant interrompre sa rêverie.

Je rentrai aussitôt dans le cabinet de Monime, & je la trouvai absorbée dans une profonde rêverie ; penchée sur son fauteuil, elle avoit la tête appuyée sur une de ses mains ; ses yeux, où la douleur & l’inquiétude se peignoient, sembloient m’annoncer quelque grand malheur, j’en fus saisi à un point que je restai quelques instans immobile : chère Monime, lui dis-je, qui peut occasionner ce trouble ? Aurions-nous quelques malheurs à craindre ? Nous sommes ici sous la protection du génie, qui certainement ne permettra pas qu’on nous fasse aucune insulte. Parlez, ma sœur, ne puis-je être instruit de vos chagrins ? D’où provient cette douleur où je vous vois plongée & qui pénètre jusques dans mon ame ?

Rassurez-vous, milord, dit Monime, cette douleur ne part que de la sensibilité de mon cœur ; vous n’ignorez pas l’amour que l’empereur a pour moi ; jusqu’à présent j’ai toujours éludé les déclarations qu’il cherchoit à me faire, mais aujourd’hui