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de Milord Céton.

est cependant contraint d’avouer qu’il n’a point encore pu goûter ce charme inexprimable que l’on ressent lorsque l’amour ou l’amitié se partagent également. Quel tourment pour une ame noble, d’être sans cesse livrée au supplice de l’incertitude, sans pouvoir souvent démêler si c’est le devoir, le zèle ou l’ambition qui font agir tous ceux qui rendent aux souverains leurs hommages !

Ces réflexions me firent examiner les courtisans ; je ne fus pas long-tems la dupe de leurs airs soumis & rampans ; je m’aperçus bientôt que l’envie de briller à la cour & d’y supplanter ceux qui paroissent posséder la faveur du prince, est une maladie épidémique qui se gagne par la fréquentation ; car sans cela, comment pouvoir comprendre que des gens qui peuvent vivre heureux & tranquilles dans le sein de leur famille, voulussent passer le plus beau de leurs jours dans l’antichambre d’un prince ou dans celle d’un ministre, & qu’ils achetassent aux dépens de la servitude la plus pénible, la gloire d’être le premier au petit lever de l’empereur ? Et cela n’est souvent que par pur principe de vanité.

Ce qui m’a encore très-surpris chez les Joviniens, ç’a été d’y voir des familles à la mode, comme des équipages ou de nouvelles boîtes ; les noms de ces familles illustrées absorbent bientôt