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Voyages

& l’autre dans le célibat, si jeunes encore & ornées de toutes les graces de la beauté ? Vous ne devez pas manquer d’adorateurs, j’ai cru même en distinguer plusieurs dans le nombre des personnes qui vous font assidûment leur cour. Il est vrai, dit Floride, que Cleontine en a toujours nombre à sa suite, malgré tous les soins qu’elle prend de les éloigner : mais pour répondre à votre question, apprenez qu’unies l’une & l’autre par les liens de la plus tendre amitié, nous avons renoncé à tout ce qui pourroit en diminuer le charme. Elevées toutes deux dans le temple de Cybele, la même éducation nous a été donnée, & nos sentimens se trouvant analogues, mêmes desirs, mêmes inclinations, mêmes plaisirs & même goût pour la liberté ; c’est-là ce qui a formé cette amitié qui nous a unies par des liens qui seront indissolubles. Vous savez que l’inclination est un mouvement agréable qui nous entraîne, & ce mouvement nous est d’autant plus cher qu’il naît du fond de notre tendresse & s’y entretient avec plaisir. Il est vrai que l’amitié n’a pas toujours ce feu & ce brillant de l’amour : mais sa gaieté est simple, sans ornement & sans art ; unie comme elle, on ne la voit briller que de ses propres graces, sans jamais employer la parure du bel esprit.

La famille de Cléontine, beaucoup plus favorisée des biens de la fortune que n’étoit la mienne,