que, soumettoit néanmoins sa raison à celle de Démosthène, contrainte de fléchir sous le poids d’une aussi grande autorité.
CHAPITRE VII.
Suite d’Observations.
Le génie nous conduisit dans le cabinet d’Aristote,
qui instruisoit plusieurs de ses disciples sur la
véritable éloquence : il dit qu’elle excite du trouble
dans l’esprit en renversant ses pensées & en
domptant sa raison, qu’elle ne marche qu’à grand
bruit, que ses traits éblouissent comme les éclairs
& frappent de même que la foudre, qu’elle est
semblable à ces tourbillons qui renversent les plus
grands arbres aussi vîte que les foibles roseaux ;
ainsi la persuasion est une espèce de conquête remportée
sur le cœur de l’homme. Il ajoute que l’orateur
éloquent doit s’appliquer à connoître le génie
& les intérêts de ceux qu’il veut persuader, en
tachant d’accorder son air, ses tons & ses paroles
avec ses pensées, afin de n’en point troubler l’harmonie
par quelque chose d’étranger.
Il est vrai que le cœur de l’homme est la chose du monde la plus impénétrable, & qu’il faut une grande attention pour pouvoir fonder la pro-