Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
271
de Robinson Crusoé.

puisqu’ils étoient éloignés de terre de plus de cinq cents lieues. Il est tems de finir cette digression, & d’en revenir à la manière dont je réglois toutes les affaires dans mon île.

Il faut observer ici que, pour plusieurs raisons, je ne jugeai point à propos de parler à mes gens de la chaloupe que j’avois eu soin d’embarquer par piéces détachées, dans l’intention de les faire joindre ensemble dans l’île.

J’en fus détourné d’abord en y arrivant, par les semences de discorde qui étoient répandues parmi les différentes colonies, persuadé qu’au moindre mécontentement on se serviroit de la chaloupe pour se séparer les uns des autres ; peut-être aussi en auroient-ils fait usage pour pirater, & de cette manière, mon île seroit devenue un nid de brigands, au lieu que j’en voulois faire une colonie de gens modérés & pieux. Je ne voulus pas leur laisser non plus les deux pièces de canon de bronze, ni les deux petites pièces de tillac, dont mon neveu avoit chargé le vaisseau, outre le nombre ordinaire. Je les crus sans cela assez forts & assez bien armés pour soutenir une guerre défensive, & mon but n’étoit nullement de les mettre en état d’entreprendre des conquêtes ; ce qui ne pouvoit que les précipiter à la fin dans les derniers malheurs. Pour toutes ces raisons, je laissai dans