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Les aventures

Pendant que j’étois dans cet embarras, j’eus le plaisir charmant de voir partir le vaisseau sans moi ; ce qui peut-être n’étoit jamais arrivé auparavant à un homme qui fût dans une situation comme la mienne, à moins que l’équipage ne se fût révolté, & n’eût mis à terre ceux qui ne vouloient pas consentir à leur mauvais dessein.

Ce qui me consoloit un peu, c’est que mon neveu m’avoit laissé deux domestiques, ou pour mieux dire, un domestique & un compagnon. Ce dernoer étoit le clerc du boursier du vaisseau, & l’autre étoit le propre valet du capitaine. Je pris un bon appartement chez une femme Angloise, où logeoient plusieurs autres marchands Anglois, François & Juifs Italiens. J’y fus parfaitement bien accommodé ; & pour qu’on ne pût pas dire que je prenois mon parti trop précipitamment, j’y restai pendant neuf mois pour considérer mûrement par quel moyen je pourrois m’en revenir chez moi le plus commodément, & avec le plus de sûreté.

J’avois avec moi des marchandises d’Angleterre d’une assez grande valeur ; outre une bonne somme d’argent, mon neveu m’avoit laissé mille pièces de huit, & une lettre de crédit d’une somme beaucoup plus considérable, que j’étois le maître de tirer, si j’en avois besoin ; en sorte