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de Robinson Crusoé.

que je ne courois pas le moindre risque de manquer d’argent.

Je me défis d’abord de mes marchandises très-avantageusement, &, suivant l’intention que j’avois déjà eue en commençant le voyage, j’achetai une belle partie de diamans ; ce qui réduisit mon bien dans un petit volume, qui ne pouvoit point m’embarrasser pendant le voyage.

Après avoir demeuré-là assez long-tems, sans goûter aucune des propositions qu’on m’avoit faites touchant les moyens de retourner en Angleterre, un marchand Anglois, qui logeoit dans la même maison, & avec qui j’avois lié une amitié étroite, vint un matin dans ma chambre. Mon cher pays, me dit-il, je viens vous communiquer un projet qui me plaît fort, & qui pourroit bien vous plaire aussi, quand vous l’aurez considéré avec attention. Nous sommes placés, continua-t-il, vous par accident, & moi par mon propre choix, dans un endroit du monde fort éloigné de notre patrie ; mais c’est dans un pays où il y a beaucoup à gagner pour des gens comme vous & moi qui entendons le commerce. Si vous voulez joindre mille livres sterling à mille autres que je fournirai, nous louerons ici le premier vaisseau qui nous accommodera : vous serez capitaine & moi marchand, & nous ferons le voyage de la Chine. Pourquoi,