Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/466

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Mais je ne pouvois rien gagner par un voyage de cette nature. Pour aller en Angleterre je ne pouvois prendre que deux chemins. Je pouvois aller avec la caravane jusqu’à Jareflaw, & de là tourner vers l’ouest, pour gagner Nerva & le Golfe de Finlande. Il m’étoit facile de passer de là par mer, ou par terre à Dantzick, où peut-être je pouvois trouver l’occasion de me défaire avantageusement de mes marchandises des Indes. Ou bien je devois quitter la caravane à une petite Ville située sur la Dwina, d’où en six jours de temps je pouvois venir par eau à Archangel, & passer de là par mer à Hambourg, en Hollande ou en Angleterre.

Or il étoit également extravagant de songer à l’un ou à l’autre de ces voyages pendant l’hiver. Il étoit impossible d’aller à Dantzick par mer, parce que la mer Baltique est toujours gelée dans cette saison, & de vouloir voyager par terre dans ce pays-là étoit aussi dangereux que de marcher mal accompagné au travers des Tartares Monguls. D’un autre côté, si j’étois arrivé à Archangel au mois d’Octobre j’aurois trouvé tous les vaisseaux partis, & la ville presque déserte, puisque les marchands qui y sont leur séjour pendant l’été, ont coutume de se retirer pendant l’hiver à Moskow. Ainsi j’aurois dû y essuyer un froid extrême, & peut-être une grande disette de vivres, sans