Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/489

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conséquent ceux du prince pouvoient bien passer pour les miens. Ce Seigneur, lui-même, prit le titre de mon maître-d’hôtel, ce qui apparemment me fit prendre pour un homme d’importance : mais cette vanité me chatouilla fort peu.

Nous fûmes obligés d’abord de passer le plus grand & le plus désagréable désert que j’aie rencontré dans tout le voyage. Je l’appelle le désert le plus désagréable, parce qu’en plusieurs endroits, le terrein est marécageux, & fort inégal en plusieurs autres. Tout ce qui nous en consoloit, c’étoit la pensée que nous n’avions rien à craindre de ces brigands de Tartares qui ne passent jamais l’Oby, ou du moins très rarement. Cependant nous fûmes fort trompés dans ce calcul-là.

Le jeune grince avoit avec lui un très-fidèle domestique Moscovite, ou plutôt Sibérien, qui, connoissant parfaitement bien tout ce pays, nous conduisit pair des routes particulières, pour éviter, les villes qui sont sur les grands chemins comme Tumen, Soly-Kamskoy, & plusieurs autres : il savoit que les garnisons Russiennes qui s’y trouvent, observent avec une exactitude très-scrupuleuse, l’ordre qu’elles d’examiner les voyageurs, pour voir si quelque exilé de marque ne s’aviseroit pas de se glisser dans le cœur de la Moscovie.