Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 2.djvu/490

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Les mesures que nous prîmes ne nous exposoient pas à de pareilles recherches ; mais d’un autre côté, elles nous forçoient à faire tout notre voyage par le désert, & à camper toutes les nuits sous nos tentes ; au lieu qu’en partant par les villes, nous aurions pu jouir de toutes les commodités imaginables. Le jeune prince sentoit si bien les désagrémens où ma bonté pour lui m’engageoit, qu’il ne vouloit pas consentir de camper toutes les fois que nous nous trouvions près de quelque ville. Il se contentoit de coucher lui-même dans les bois avec son fidèle valet, & il savoit nous rejoindre dans les endroits ou nous étions convenus de l’attendre.

Nous entrâmes dans l’Europe en passant la rivière appelée Kama, qui, dans cet endroit, sépare l’Europe de l’Asie. La première ville européenne qu’on rencontre de ce côté-là s’appelle Soly-Kamskoy, c’est-à-dire la grande ville sur le fleuve Kama. Nous crûmes voir là le peuple mieux poli dans sa manière de vivre, dans ses habillemens, & dans sa religion mais nous nous trompâmes. Dans le désert que nous avions à traverser, & qui, de ce côté-là, n’a que deux cens milles d’étendue, quoiqu’il en ait sept cens dans d’autres endroits nous trouvâmes les habitans peu différens des Tartares Monguls. Ils donnent