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de Robinson Crusoé.

jours avec eux à cause que leur propre habitation avoit été détruite.

Environ cinq jours après, les trois vagabonds, las de se promener & à moitié morts de faim, ne s’étant soutenus que par quelques œufs de tourterelles, revinrent vers le château, & voyant le commandant espagnol avec deux autres se promener sur le bord de la petite baie, ils s’en approchèrent d’une manière assez soumise, & lui demandèrent en garce & avec humilité, d’être reçus de nouveau dans la famille. Mon honnête homme d’espagnol les reçut gracieusement : mais il leur dit qu’ils avoient agi avec leurs propres compatriotes d’une manière si grossière, & avec ses gens à lui d’une manière si brutale, qu’il lui étoit impossible d’accorder leur demande, sans délibérer là-dessus auparavant avec les anglois & les autres espagnols ; qu’il alloit dans le moment leur en faite la proposition, & qu’il leur donneroit réponse dans une demi-heure. La faim leur fit paroître la condition d’attendre une demi-heure hors du château, extrêmement dure ; & n’en pouvant plus, ils supplièrent le gouverneur de leur faire apporter un peu de pain, ce qu’il fit : il leur envoya en même tems une grosse pièce de chevreau & un perroquet rôti, & ils mangèrent le tout avec un très-grand appétit.