Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/40

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pied, & trois autres miniſtres de ſon âge ſe trouvèrent à l’entrée proſternés à terre, & le doigt ſur la bouche.

La reine fut effrayée à leur aſpect ; ils avoient de longues barbes qui deſcendoient juſqu’à leurs pieds, & à l’extrémité de chaque brin pendoit une dent de bœuf : ce qui faiſoit au moindre de leurs mouvemens un cliquetis difficile à exprimer ; mais ce qui rendoit cette vue plus hideuſe, étoit que la peſanteur de toutes ces dents ouvroit à ces vieillards la bouche avec tant de violence, que leur grimace étoit au-deſſus des plus horribles. Leur tête étoit chauve, & ils étoient à moitié nuds : la peau qui paroiſſoit, étoit découpée en tant d’endroits & ſi près les uns des autres, que ces chairs étant deſſéchées, ſe hériſſoient comme les aiguilles d’un hériſſon.

Au milieu de la catacombe myſtique étoit un grand livre, dont les[1] feuillets étoient de lames d’airain. Le grand-prêtre l’ouvrit ; & le bruit de chaque feuillet qui retomboit l’un ſur l’autre, étoit au-deſſus de celui que fait la porte de la plus affreuſe priſon. Lamékis fut aidé par les trois autres vieillards pour les

  1. L’on conſerve encore ce livre à Tauris, & l’on prétend que Thamas Koulikan en eſt poſſeſſeur.