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Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/67

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noncé le même mot, que le chien me ſauta au col, dont je penſai être renverſé. L’homme ſurpris de la facilité avec laquelle je retenois les mots de ſa langue, en prononça encore pluſieurs autres que j’articulai auſſi aiſément. Il mit la main ſur ſa tête, & ſe frappant l’eſtomac, il s’écria : Motacoa, en me faiſant entendre par ce ſigne, que c’étoit ſon nom : je le répétai, il ſe mit à ſourire, & il me prit le[1] genou qu’il me ſerra.

Lorſque nous fumes au bout de la platte-forme, qui faiſoit face à la mer, nous la deſcendimes par un degré, à la fin duquel nous trouvâmes le rivage. Nous entrâmes dans un petit bateau rond, qui avoit à chacun de ſes flancs une roue attachée, dont les aîles ſervoient de rames ; une manivelle double les faiſoit tourner à la fois. À peine y eut-il mis la main, que nous nous éloignâmes avec une vîteſſe dont je fus effrayé. Tout ce qui m’étoit arrivé, ſe retraça alors à mon eſprit, & je me mis à pleurer douloureuſement. Motacoa[2] quitta les rames, vint à moi avec bonté, me ſerra encore les genoux, & me dit beaucoup de choſes que je ne compris pas. Pendant ce

  1. Politeſſe de ce pays, comme de ſerrer la main ici.
  2. Nom du ſauvage, fils de douleur.