Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/77

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Dès qu’Hildaë fut revenue de ſa première frayeur, elle porta ſes yeux ſur les objets qui l’environnoient ; ils étoient horribles. La terre n’étoit ſemée que d’os & de têtes de morts, & la montagne ne ſembloit élevée que des corps des malheureux qui y avoient été précipités. Spectacle glaçant pour une femme dans la ſituation où ma mère ſe trouvoit. Elle deſcendit avec précipitation ; & à meſure qu’elle s’éloignoit, des objets nouveaux & rians ſe préſentoient à ſa vue. La terre étoit graſſe, douce & diverſifiée de mille couleurs brillantes. Les rayons du jour qui perçoit, occaſionnoient une variété d’ombres & de clairs, qui auroit eu des charmes pour un eſprit moins prévenu de malheurs ; mais Hildaë effrayée du ſort qui la pourſuivoit, étoit ſi troublée, qu’elle ne faiſoit pas trente pas, qu’elle ne revînt à l’endroit dont elle étoit partie. Ô dieux ! s’écria-t-elle, que vais-je devenir ? Mon innocence ne touchera-t-elle point le grand Vilkhonhis ? Et puiſque par un miracle étrange il m’a préſervée de la chute fatale, ne dois-je pas eſpérer qu’il achevera ſon ouvrage ? Cette réflexion l’encouragea, & elle jetta avec confiance ſes regards ſur les admirables objets qui la frappèrent.

Elle vit avec ſurpriſe une voûte au-deſſus d’elle d’une hauteur immenſe, au travers de